Serpent de lune

2015

Improvisation vocale aux Ateliers Claus, avec Daniel Dariel aux percussions et un musicien anonyme à la guitare.

Un deux trois quatre cinq six sept huit

Huitième instance non justifiée transfert direct en ligne ennemie la mire déchire l’aumône infernale et infantile chimiothérapie neurosomatique guérison numérique en plastique de pudeur blocs de résine (résine) et fleurs en 2D

Septième instance non justifiée transfert indirect en ligne amie la mire déchire l’aumône infernale et infantile radiothérapie neurosomatique guérison numérique en plastique de pudeur blocs de résine (résine) et fleurs en 3D

Sixième instance non justifiée transfert direct en ligne ennemie la mire déchire l’aumône infernale et infantile thermothérapie neurosomatique guérison numérique en plastique de couleur blocs de résine (résine) et fleurs en 3D

Cinquième instance non justifiée transfert direct en ligne amie la mire déchire l’aumône infernale et infantile hydrothérapie neurosomatique guérison chamanique en plastique de couleur blocs de résine (résine) et fleurs en 3D

Quatrième instance non justifiée transfert indirect en ligne amie la mire déchire l’aumône infernale et infantile photothérapie neurosomatique guérison chamanique en plastique de couleur blocs de résine (résine) et fleurs en 3D

Troisième instance non justifiée transfert indirect en ligne amie la mire admire l’aumône paradisiaque et infantile cryothérapie neurosomatique guérison chamanique en plastique de couleur blocs de résine (résine) et fleurs en 3D

Seconde instance non justifiée transfert direct en ligne ennemie la mire admire l’aumône paradisiaque et infantile asticothérapie neurosomatique guérison chamanique en plastique de couleur blocs de résine (résine) et fleurs en 3D

Première instance non justifiée transfert direct en ligne ennemie la mire admire l’aumône paradisiaque et infantile pédopsychiatrie neurosomatique guérison chamanique en plastique de couleur blocs de résine (résine) et fleurs en 3D

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Pixels morts pixels pourris pixels moisis décomposés sur l’écran noir de la nuit les étoiles l’aspirine la vitrine et la lune la lune une lune une lune parmi tant d’autres une lune de fer une lune d’argent en ferraille dégueulasse une lune immonde crasseuse pleine de sang séché une lune tranchante qui a coupé lacéré une lune qui s’est prise pour un outil pour une lame un scalpel un bistouri et qui a tranché dans la chair dans le vif du passé des émotions articulées de plastique et des poupées de marbre des ficelles qui sont quelqu’un et qui deviennent à la fois une autre présence qui s’amène doucement sur un flot et qui se fait cacher la vue par le soleil malfaisant le soleil bienfaisant le soleil faisant.

Le soleil en plastique également et qui brille de milles lueurs de milles rumeurs différentes et d’une lumière sombre éternelle qui vient cacher le luisant le tranchant de la lune afin qu’on ne la reconnaisse pas sous les blessures les fissure encastrées qui n’existent même pas mais qu’on sait car on invente et on devine parfois qu’on ressent un instant dans l’espace d’une fraction une fraction de fraction le frisson.

La fissure la fissure frissonnée le frisson fissuré je fissure les frissons et les frissons me fissurent la fissure est un frisson mais le frisson est mille fissures milles fissures un milliard de fissures il n’y a que des fissures tout est une fissure tout est en fissures une fissure infinie complète et sans bords la fissure n’a pas de bords le monde est une fissure il s’engouffre dans une fissure qui fait frissonner nos propres fissures nos propres frissons frissonnent ils frissonnent des fissures et les fissures frissonnent les frissons se fissurent ils se fracassent avec fracas et ils se fissurent dans un grand fracas un fracas infini qui masse qui ressasse sans arrêt les fissures les fissures cloutées les fissures palpitantes les fissures cinglantes les fissures cicatrisées qui s’ouvrent et qui saluent la nuit la nuit noire la nuit blanche la nuit grise dans laquelle se faufile un reptile cylindrique et gluant maléfique et présent.

Le serpent est fauché par la faux par le faux par le vrai par le feu il explose il explore il implose il implore il éclate il éclaire de ses yeux jaunes qui pleurent des larmes de safran il est blessé découpé bien tranché alarmé en retard sans réflexe qui n’a su éviter le coup vif et pensé le serpent est fichu par les fiches formulaires de santé les factures numéros matricules enregistrés le serpent est perdu dans les piles de papiers les enveloppes par centaines qui s’écroulent sur son nid et qui tranchent sa chair fraiche qui le coupent en morceaux bien juteux et sanglants le serpent n’a plus faim ne sait pas que parler ne peut plus s’affirmer le serpent est craintif il est grand il sommeille dans l’espoir de revivre à nouveau le serpent est confiant le serpent n’a plus froid le serpent gagnera la bataille il est prêt réveillé attentif il a bu son café.

Café froid café faible mais fiable le café il est froid froid et frais il est amer il est ta mère il est ma mère il est notre mère à tous il est la mer l’océan infini la déesse simple et pure du café noir non moulu du café entier en gros grains du café courbe qui nous reçoit qui nous accepte dans son antre dans sa granulité parfaite et fait de nous des êtres de cuillère de cuillère absolue qui contiennent le café qui sont unies au café dans son rôle de café dans notre rôle de cuillère et cette union de la cuillère et du café est trop intense à maitriser car il serait désagréable de manger en entier une cuillère de grains de cafés de café amer amertume recherchée par le serpent café pas cher déglutit café froid café frais café qui fait quand même qui fait du frais un canon à café qui bombarde les hémisphères qui se transforment en café en grain de café en plantation de café je plante du café à l’intérieur même du ciel et une ombre me traverse lorsqu’un petit ver de terre descend du ciel et me dit bonjour avec sa tête trois fois plus grosse que le soleil et qui arrive au devant et qui reçoit de ma part une offrande si simple qu’elle n’existe même pas car elle n’est en substance qu’un ennui prolongé un ennui mérité que j’appelle je l’appelle oui je l’appelle.

J’appelle l’ennui l’ennui profond insatisfait l’ennui intense et répété l’ennui qui creuse et qui profère j’appelle les gouffres de la pensée j’appelle les trous qui engloutissent les gouffres vastes et majestueux des constructions et des idées du sens commun et encastré j’appelle la destruction qui surgit qui rugit et qui malaxe qui franchit et qui dérobe j’appelle l’équation qui pose et qui construit qui fait vibrer les artifices qui met en place et qui s’amuse qui divertit et qui rit je l’appelle pour qu’elle s’ennuie qu’elle tourne en rond et qu’elle s’engouffre qu’elle cesse enfin de construire et d’insuffler j’appelle j’appelle l’ennui et le gouffre j’appelle le gouffre et l’équation j’appelle l’équation et l’ennui je les appelle je les appelle je les appelle je les appelle je les appelle au travers je les appelle en arrière errieran lepa selej srev artua lepa selej lepa selej lepa selej lepa selej lepa selej.

Et je salue le vaste vent qui vient d’en bas qui souffle sous qui tourne en rond et qui détruit au fond du globe rugueux et chaotique le globe terrestre et cérébral et je salue les sphères qui chantent qui s’amplifient et qui maigrissent les sphères qui grincent qui accomplissent et qui mélangent qui plongent encore au fond des gouffres qui sont leurs bords et leurs parois je salue les sphères les sphères qui articulent et qui subissent la perception et les changements les sphères qui n’existent que lorsqu’on les salue de la langue ou du regard et qui cessent d’exister qui cessent d’enfler à l’instant même où on cesse de saluer d’appeler au moment même où l’ennui répond à l’appel qu’on lui lance dès la toute toute toute première instance non justifiée à l’instant où les rythmes cessent de frapper au moment même où le silence commence à parler.

Voir aussi :

Protéine carnet
Petites nouvelles
Les littéranautes
4×4
Vent sous vide
Traduction cyclique